Hommage à André Passebecq
André Passebecq s'est éteint le 5 novembre 2010 à 21 h 30 à Luxembourg.
André Passebecq est né le 26 mai 1920, à Valenciennes, dans une famille aimante. Il était le premier-né et fut accueilli avec tout l'amour d'un père et d'une mère véritables. La vie allait lui réserver bien des surprises. Rappelez-vous les contes d'autrefois où, chaque fée se penche sur le berceau du nouveau-né et lui attribue une qualité. André a été largement pourvu de dons et aptitudes exceptionnelles. Il avait acquis une acuité hors du commun, des personnes et des faits.
Ses premiers jours de vie ont été déterminants et son orientation était déjà, sans doute, bien marquée. A la surprise générale, André était dans l'incapacité d'assimiler le lait de sa mère. Une lutte pour la survie venait de s'engager. Imaginez, un seul instant, les moyens de l'époque et pourtant … un miracle, en quelque sorte, s'est produit. Un vieux médecin hippocratique, dépêché au domicile en toute hâte, donnera le seul conseil qui sauvera littéralement André d'une mort certaine : faire cuire du blé et en recueillir le jus additionné d'un peu de sucre. Ceci lui permit de survivre le mieux possible.
De cette expérience, André concevra des conseils simples mais justes quant à l'alimentation du bébé. Respecter la VIE dès la naissance et bien avant.
« Primum vivere, deinde filosofare ·
Cette intolérance au lait lui est restée à vie. L'origine était liée au passé de son père et de sa mère, juste avant sa conception. La guerre de 1914-18 venait à peine de se terminer. Les populations étaient dans l'ensemble affamées. Il fallait tout reconstruire. La vie avait laissé un goût amer et pourtant la vie reprend ses droits. Son père, Anselme, revenait de la guerre des Dardanelles, où vacciné à outrance, très mal nourri pendant les restrictions, ayant également fumé des cigarettes et bu parfois du vin de mauvaise qualité, ne pouvait transmettre à son futur enfant le meilleur de lui-même. Sa mère, Rosalie, n'avait pas pu se nourrir avec des aliments de choix.
« Dépêchez-vous de faire des enfants car il y aura la guerre dans 20 ans ·. C'est dans ces conditions psycho-politiques qu'André fut conçu. En 1940, André avait 20 ans !
L'amour de sa mère fut mis à rude épreuve. Ella avait surpris, lors d'une sortie avec son bébé, les bribes d'une conversation entre mamans promenant leur progéniture dans leur poussette. Ces mamans disaient qu'André allait mourir. « André va vivre ! André va vivre ! · leur a-t-elle répondu. Les événements lui ont donné raison. Quelle foi en son petit !
La foi transporte des montagnes, dit-on !
Les bonnes fées ont veillé sur André, par le biais de ses parents et d'une famille très unie, famille aux racines non dépourvues d'intérêt. Rosalie, la Maman, était la descendante d'un illustre compositeur, André Messager. Et voilà, notre cher André pourvu d'un prénom chargé d'émotions et prédestiné au succès.
Les réunions familiales, chaque dimanche, très attendues par chaque membre de la famille, constituaient un moment unique. La nappe blanche, les couverts, le repas composé de légumes du jardin (sans produits chimiques), d'une poule (sans hormones, nourrie au grain et ayant eu l'incroyable chance de courir dehors), la tasse de café (si convivial) et la tarte aux fruits (faite maison). La musique arrivait sur la pointe des pieds et transportait de joie tout un chacun. Cette nourriture musicale n'a jamais quitté André. Il aimait chanter et danser. Lors des stages, il avait réussi à mettre dans son programme la danse (psychomotricité) et le chant (Voxthérapie par Jean Perrier), deux techniques nécessaires tant au développement harmonieux du corps que de l'esprit.
Les années de bonheur intense ont habité son cœur et il a gardé en lui l'image idéale d'un Père et d'une Mère authentiques. Chaque cellule de son corps était imprégnée de ces souvenirs inoubliables. Il adorait ses deux frères, Anselme et Claude. Il a tenté, à travers son enseignement, de faire naître cette envie d'être tout simplement heureux. Sans fards.
L'éducation du petit André fut assurée par son Père, Anselme. Son apprentissage à la lecture commença très tôt, vers 3 ans. Un rite s'était établi entre le Papa et son petit homme. Fin d'après-midi, dès le retour du travail, Papa Anselme prenait André sur ses genoux et lui transmettait, avec tout l'amour et la patience dont il était pourvu, l'alphabet et la lecture.
Un jour, fatigué, André lu « A papa dada, à dada papa. · Son père rectifia en disant « Non, c'est à dada papa, à papa dada · puis, André s'endormit. Cet épisode l'a marqué profondément. Ce contexte permis à André de réussir brillamment à l'école, étant souvent en avance sur ses camarades. A l'âge de 6 ans, il savait déjà lire et écrire de sorte que, son professeur lui demandait parfois de s'occuper de la classe inférieure et d'inculquer ce qu'il possédait déjà.
La faculté d'enseignement était innée chez André. Tout petit, chez ses parents, il installait des tables et parlait devant un public tout acquis à sa cause, soit imaginaire, soit devant ses camarades. André avait la capacité de développer un sujet donné, tout auditoire confondu. Ceux qui pensaient bien posséder le thème finissaient par apprendre quelque chose de nouveau et approfondissaient leurs connaissances. André était une bibliothèque en soi tant il lisait et étudiait. Il possédait l'art de la synthèse.
Il a, sa vie durant, consacré son énergie et ses compétences au service de la NATURE, sa vraie maîtresse. Sa vocation ou plutôt sa destinée, était au service de l'Humanité. Sans faillir, sans compromission de quelque nature que ce soit, il a défendu le VRAI.
Il a côtoyé de grands noms de la Naturopathie fondamentale. Merci à Horace Jarvis, ton Maître à penser, que tu aimais par-dessus tout. Il t'avait réinsufflé la vie.
André a eu une vie si riche et si intense.
Saluons cet Homme au COEUR si grand, au dévouement éternel.
Son enseignement se poursuit, c'était son vœu. J'ai accepté de prendre la relève.
Je te remercie d'avoir partagé un bout de chemin avec toi.
Repose en paix André. Nous pensons à toi et te souhaitons bon Voyage.
Sabrina Heyse